The Death Poem

Where was the body found?

Who found the dead body?

Was the dead body dead when found?

How was the dead body found?

Who was the dead body?

Who was the father or daughter or brother

Or uncle or sister or mother or son

Of the dead and abandoned body?

Was the body dead when abandoned?

Was the body abandoned?

By whom had it been abandoned?

Harold Pinter, 1997

BEHIND ENEMY LIES : réponses à Fraser Myers

Comment est-on passé d’un cours sur la liberté d’expression dans lequel Samuel Paty montre les caricatures à son assassinat ?

Tout part du récit mensonger d’une élève qui n’était pas dans la classe lorsque Samuel Paty a donné son cours, récit qui fera passer l’enseignant pour un islamophobe. Ce mensonge sera répandu sur les réseaux sociaux par l’entremise du père et d’un islamiste notoire, Abdelhakim Sefrioui, jusqu’à attirer l’attention de l’assassin, Abdoullakh Anzorov. Après avoir payé quelques centaines d’euros des élèves afin d’identifier sa cible, l’assassin lui tranchera la tête avec un couteau de boucher.

Comment sa hiérarchie a-t-elle réagi ?

On pourrait penser que la situation d’un professeur pris en chasse par des islamistes déclencherait une réaction de protection immédiate : eh bien non. On a demandé au professeur de s’excuser dans l’espoir de calmer les offensés, quitte à accuser Samuel Paty d’un crime qu’il n’avait pas commis : “froisser les élèves” — généralisation aussi factice qu’abusive. On est en train d’enfermer les enseignants dans une situation à la Catch 22 : d’un côté, il leur est demandé de ne pas froisser la sensibilité religieuse de leurs élèves ; de l’autre ils doivent faire abstraction de ce ressenti afin de préserver le caractère foncièrement a-religieux, en France, de l’enseignement laïque. L’administrations scolaire a cédé aux pressions de quelques parents offensés en priant Paty de présenter ses excuses pour ce qu’elle appelle son “erreur”. Le traitement pédagogique de l’affaire a conduit à sous-estimer les menaces réelles qui pesaient sur lui.

Qu’est-ce que l’affaire Paty nous apprend de l’islamisme en France ?

L’auto-censure dans le milieu enseignant en France atteint des niveaux records, ce qui prouve que le crime paie. La société a peur et cette peur fait déraisonner les hommes à un point inimaginable. Permettez-moi de vous donner un exemple qui m’a beaucoup frappé au cours de mon enquête. Parmi les raisons avancées pour ne pas rebaptiser un collège Samuel Paty comme le souhaitait le maire d’une petite commune dans le Var, un professeur a avancé cet argument : on a déjà baptisé une rue du nom d’un homme assassiné par des islamistes (le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame), on ne va pas recommencer avec Paty. Pourquoi ? Parce “ça rend les choses tristes pour un établissement qui reçoit des enfants”. Imaginez un seul instant que nos aînés aient tenu ce raisonnement-là : on ne va pas faire la liste de tous les résistants exécutés par les nazis, car cela pourrait attrister les enfants.

Qu’est ce que cela nous dit de l’antiracisme ?

De même que l’administration a trouvé judicieux d’accuser l’enseignant d’une erreur pédagogique au moment même où celui-ci était pris dans la tourmente, deux collègues ont trouvé opportun de condamner moralement l’enseignant avant de vérifier si, par hasard, la rumeur qui faisait de lui un islamophobe était vraie. Non seulement l’accusation d’islamophobie tue, mais elle est épaulée par cette forme de “virtue signalling” qui consiste à se présenter comme un anti-raciste devant tous les autres plutôt que de lutter avec courage contre les véritables agresseurs.

Quel impact l’affaire Paty a-t-elle eu sur la politique française ?

La décapitation de Samuel Paty n’a pas forgé un consensus à même de fédérer les principaux partis français autour d’une plateforme commune contre l’islamisme. Le champ politique reste profondément divisé sur la question, de même que les intellectuels et les enseignants restent profondément divisés sur ce qu’il faut entendre par “laïcité”. Il n’y a que les islamistes qui savent vraiment ce qu’ils veulent : contrôler le contenu d’un cours, éradiquer la satire, effacer la mémoire de leurs propres crimes.

Spiked, novembre 2021.