Sophisme de la Terreur

Voici un livre d’un rare courage et d’une rare précision — livre que je ne puis que recommander en amont du procès du 13 novembre. Ce livre retrace toute l’histoire du chantage exercé sur les sociétés séculières au nom de Dieu — chantage dont, malgré l’assassinat des traducteurs de Salman Rushdie, malgré le massacre de Charlie Hebdo, malgré la décapitation de Samuel Paty, malgré le sort immonde fait à Mila, malgré les innombrables victimes de la « haine théologique » (j’emploie cette expression spinoziste à dessein) à travers le monde, nous ne sommes toujours pas sortis.

On peut résumer le chantage exercé sur les sociétés séculières à partir du sophisme suivant :

1) Je vous empêche de faire quelque chose au nom de mon Dieu.

2) Je vous menace de mort.

3) Vous réaffirmez vos principes haut et fort ? Vous avez donc choisi d’attiser la haine, ce qui prouve que vous êtes irresponsable.

Le plus étonnant est qu’il se trouvera toujours des écrivains (John Le Carré) des diplomates (Jack Straw) des intellectuels (Edgar Morin) des professeurs (François Héran) des gouvernants (Ségolène Royal) ou des Tartuffes de grand chemin (Ramadan) pour trouver ce chantage « compréhensible ». On confond piété et violence, et l’on demande aux autres de ne pas faire d’amalgame. Voilà où nous en sommes, voilà toujours où nous en sommes.

Livre admirable, disais-je, qui jette une lumière crue sur cette sinistre comédie.

Jeanne Favret-Saada, Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Fayard, 17 euros.

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