Sympathy for the deal

“We are pretty close to a deal. Ukraine has to agree to it. Maybe they will say no.” (Donald Trump)

Deux mafieux qui s’entendent pour tuer quelqu’un d’autre forment un deal. Hitler et Staline, en dépeçant la Pologne en dehors de toute légalité, forment un deal. Un deal est une entente qui permet de se passer de la loi, ce qui en fait la forme préférée, le concept-clé, le point nodal de la barbarie à venir. Ce n’est pas un hasard si Anne Applebaum lui consacre des pages décisives dans un petit essai qui saisit notre destin à la gorge: ‘Autocracy Inc’. L’histoire qui nous attend commence effectivement par ce petit mot – aussi vulgaire que faussement conclusif, aussi pervers que faussement pacifique.

Le mot deal met un terme à tout ce que l’Europe a très douloureusement élaboré au fil de son histoire : le rejet du droit de conquête et, bien sûr, l’idée centrale du Contrat Social, à savoir que le «droit du plus fort» n’en est pas un. C’est justement sur le rejet de ces deux points que nos deux complices – le promoteur immobilier et le criminel de guerre – s’entendent à merveille, en quoi ce deal sur l’Ukraine est beaucoup plus qu’un deal sur le dos de l’Ukraine. Un deal est une notion conçue pour tourner en dérision l’Europe tout entière, et peu importe que la France compte en son sein une quantité non négligeable de trumpistes prétendument «libéraux » ou de souverainistes prétendûment patriotes : elle sera traitée comme l’Ukraine – avec le même mépris, et, surtout, avec la même condescence coloniale – à la table des prédateurs.

Dessin de Nikita Titov.

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