Pointe avancée de la vengeance poutinienne après l’opération d’éclat Spider Web, la bataille de Soumy (laquelle s’étend sur une vingtaine de kilomètres à la ronde) est sans doute, avec Pokrovsk, l’une des plus dures et des plus significatives. Il va sans dire que cette vengeance s’exerce en premier lieu sur les civils. Tuer des Ukrainiens parce qu’ils sont Ukrainiens est une tradition solidement ancrée en Russie, et ce n’est pas Poutine – le lecteur voudra bien me croire sur ce point – qui dérogera à la règle. « Poutine veut juste tuer des gens », reconnaît Donald Trump. Ce qui ne l’empêchera pas, bien sûr, de lui prêter main forte.
Je découvre une ville silencieuse, mais d’un silence faussé par l’attente du prochain Shahed ou du prochain missile Iskander. Le moment le plus vulnérable – baptisé, ici, la “zone grise” – est situé entre trois et six heures du matin. (C’est l’heure où le différentiel de luminosité perturbe les capteurs optiques de la défense anti-aérienne.) Toucher des cibles militaires fait partie du programme, mais le mieux est encore de tuer la population au petit bonheur la chance – le balayeur perdu dans ses pensées qui n’a toujours pas fini de nettoyer sa ruelle, la jeune Ukrainienne souriante qui sert, malgré le couvre-feu, des hot dogs aux soldats.
5.45am
