Est-ce parce que les forces ukrainiennes ont repris le village d’Andriivka que les attaques sur Soumy se font plus rares depuis 24 heures ? Les Russes sont-ils trop occupés à stopper la contre-offensive qui commence à produire, côté ukrainien, ses premiers résultats ? Comme pour mettre à profit ce calme relatif, pour ne pas dire précaire, le romancier Івченко Владислав — Vladislav Ivchenko — a la gentillesse de me faire faire le tour de la ville. Il commence par le siège des nazis lors de l’occupation allemande, un bâtiment européen à la grâce ambiguë dont Patrick Modiano aurait certainement fait son affaire. (« Ni les nazis ni les soviets n’ont détruit Soumy comme Poutine est en train de le faire », tient-il à préciser.) Nous passons au plat de résistance : l’hôtel Soumy, et ce bâtiment administratif que les habitants appellent ici le « Pentagone », deux constructions dans le plus pur style soviétique. (Ces deux bâtiments brutalistes sont placés l’un en face de l’autre de manière à former, comme c’était à prévoir, une faussile et un marteau.) La place débouche sur la rue Soborna — l’ancienne rue Lenina que les Ukrainiens ont débaptisée pour les raisons que l’on imagine. Le ciel se couvre, de merveilleux nuages déchirent l’horizon, et des rafales de pluie commencent à balayer la ville d’est en ouest — ces rafales qui rendent les drones inutilisables et offrent aux pilotes, dissimulés sur les collines, l’occasion de se détendre un peu.
Photo : l’ancienne rue Lenina, 11.30am
