Sale temps pour le confort intellectuel et les réflexes partisans. De même que les amis de la paix devraient avoir bien du mal à accuser les Américains de la guerre ukrainienne maintenant que Donald Trump s’est rangé – et avec quel éclat – derrière l’admirable Poutine, le militant trumpiste devrait avoir bien du mal à accuser l’administration Biden de vouloir dénigrer leur beau champion – maintenant que les critiques les plus féroces contre la politique étrangère de Donald Trump proviennent du camp républicain lui-même.
Laissons donc de côté les attaques de la gauche américaine, et intéressons-nous au camp d’en face. Parmi tous ces « Never-Trumpers » de droite, catastrophés par les concessions faites à la Russie et la tournure illibérale de l’Amérique de Monsieur Musk (bien décrite par Philip Roth dans « Le Complot contre l’Amérique », mais également dans un roman moins connu et toujours d’actualité, « Our Gang »), notons la présence d’un représentant particulièrement vigoureux, Bryan Fitzpatrick, et d’un officier très intéressant : Alexander Vindman. Médaillé militaire, agent de renseignement (notre homme est aussi à l’aise en russe qu’en ukrainien) Vindman parle d’un sujet qu’il connaît bien – et ça se voit. Comme le général Hodges, il pense que Poutine ne veut pas la paix. Comme le général Hodges, il pense que l’abandon des démocraties en Europe est un contre-sens. Comme le général Hodges, il pense que le découplage du droit et de la force est une erreur philosophique majeure, et que cette reddition en rase campagne dessert les intérêts directs des États-Unis.
À lire, donc, pour découvrir cette Amérique républicaine qui résiste au nettoyeur de la Maison Blanche.
Alexander Vindman, « The Folly of Realism », PublicAffairsU.S, 2025, 304 p.
