« Sollers s’est toujours trompé politiquement, non ? » me demandais-tu au Bonaparte avec cette joie si peu mauvaise et cette curiosité sans malice qui te résument entièrement. Est-ce un hasard si tous les écrivains de ma génération – tous ceux qui ont eu la chance d’être lus, suivis, accompagnés par toi – se souviennent de ta bienveillance ? Peut-être étais-tu constitutivement incapable de grandes convictions, peut-être raisonnais-tu en homme sur le départ pour lequel les passions ordinaires du milieu littéraire, ce milieu qui était pourtant le tien – jalousie, compétition, égotisme – constituent une immense perte de temps. Te voilà délivré d’une époque si lourde, te voilà tout à fait chez toi parmi les dessins de Sempé, les textes de Milan et les accords de Bach. Repose en paix dans la fraîcheur du temps.
